Ayant fait ses classes sur les pistes les plus rock n’ roll de la planète, le Wilson excelle en descente, ce qui n’est une surprise pour personne. C’est justement dans son élément que nous avons voulu en faire l’essai. Mais avant d’aller lui en faire voir de toutes les couleurs pour une semaine au Whistler Bike Park, j’ai passé du temps en Californie du Sud et au centre de l’Oregon, puis j’ai passé le flambeau à Dennis Yuroshek qui a participé à une compétition dans le nord de l’État de Washington. Avec tous ces kilomètres dans les jambes, j’étais prêt à affronter Whistler.




L’an passé, nous avons eu une expérience hors pair sur le Wilson aluminium. C’est donc avec fébrilité que nous préparions nos descentes sur le Wilson Carbone. Nous avons tout de suite été épatés par le raffinement et la subtilité de ses éléments. Par exemple, le protecteur intégré au cadre ressemble à une plaque de protection dissimulée sous le tube oblique; les protecteurs de bases, eux, sont savamment posés sur le train arrière afin de réduire les égratignures et la friction, un problème réel étant donné sa largeur. Bonne idée également que le passage externe des câbles, ce qui rend le vélo silencieux tout en facilitant l’entretien. Chapeau aussi d’avoir intégré des anneaux de caoutchouc à la fourche, même s’il y aurait lieu de les amincir puisqu’ils compliquent légèrement les virages serrés à plat. Enfin, notons que la version carbone reprend plusieurs éléments de celle en aluminium, à notre grand plaisir.

Par ailleurs les tailles du Wilson sont parfaites, sauf pour les cyclistes de grande taille, puisque nos essayeurs (de 5 pi 9 po à 6 pi) trouvaient le vélo de grande taille (L) un peu petit. Mais une fois sur le vélo avec un bon rythme de croisière, nous pouvions compter sur le tube supérieur et le centre de gravité surbaissé pour nous recentrer sur le positif. À cet égard, l’angle de direction (63,2 °) maximisait notre confiance dans les sections les plus abruptes de la zone Garbonzo du Whistler Bike Park. Soutenus par l’empattement de 48,11 po et la portée de 17,13 po, nous avons pu profiter de l’équilibre procuré par l’adhérence et la stabilité, et sur une manœuvrabilité hors pair. Enfin, mentionnons que le Wilson est légèrement plus court que d’autres vélos DH du circuit de la Coupe du monde. Il n’empêche que nous avions pleine confiance en mettant la pédale au fond en terrain dégagé et qu’il se montrait vif dans des sentiers plus techniques comme Blueseum ou Ninja Cougar.

À l’instar des anciens modèles du Wilson et des autres vélos à double suspension, le Split Pivot de Dave Weagle contribue à donner de la vigueur au vélo et à lui faire garder son sang-froid, quelles que soient les conditions. Le Split Pivot vient séparer les forces d’accélération et de freinage pour que la roue arrière soit indépendante, quel que soit le mouvement du cycliste. Devinci a d’ailleurs légèrement revu le positionnement de la fourche, ce qui abaisse le centre de gravité et réduit l’amortissement à des mesures plus conventionnelles (9,5 par 3 po), contrairement aux 10,5 po que l’on retrouvait sur les anciens modèles. Ce léger repositionnement combiné à l’ajout d’une chape revigore l’allure du vélo en rendant la fin de course plus progressive. Nous étions heureux d’avoir plus de jeu à la fin du débattement, mais nous avons dû réduire la raideur du ressort, puisqu’en suivant les spécifications, nous étions un peu trop ballotés à notre goût.


Les qualités de pur-sang du Wilson en feront l’un des meilleurs chevaux de votre écurie, mais encore faut-il savoir le monter! Certes, ses 204 mm de débattement vous feront dévaler la pente au galop, même si vous mettez la pédale douce. Cette monture performe encore plus avec un cavalier fougueux en selle.

Si vous êtes du genre à punir votre vélo et les sentiers, alors le Wilson est fait pour vous! Vous n’avez qu’à l’enfourcher et à mettre la pédale au fond; vous verrez qu’il s’accommode parfaitement des riders les plus intrépides. De plus, le Split Pivot nous a plu et fonctionnait à merveille sur le Wilson. Devinci a vraiment réussi son coup, puisqu’ainsi le vélo accélère rapidement et prend son erre d’aller, que l’objectif soit d’aller vite, de se servir du dénivelé de la pente ou de faire une course. Mentionnons qu’après avoir comparé quatre vélos de descente sur deux pistes au Whistler Bike Park, c’est le Wilson carbone qui a enregistré les meilleurs temps, et ce, même s’il nous semblait le plus nerveux. Cette impression, je l’attribue à la légère rigidité du ressort arrière et au fait que j’allais vraiment plus vite qu’avec n’importe quelle autre monture. À force de dévaler aussi vite des sentiers techniques, j’ai dû tout réajuster : les obstacles, les arbres et mon temps de réaction. Tout ça a pu jouer sur ma nervosité, mais à voir les chronos, on comprend pourquoi.

Si le Wilson carbone excelle dans de multiples facettes, il faut toutefois souligner quelques légers irritants. Certains essayeurs trouvaient le guidon Chromag BZA trop souple et ont préféré le changer pour un autre plus à leur goût. Les freins SRAM nous ont aussi posé problème : nous avons eu du mal à régler la manette et nous n’avons pas été impressionnés outre mesure. Enfin, les pneus Mary sont un excellent choix sur le sol approprié; par contre, ils font vraiment peur lorsqu’on roule sur un sol compact, puisque leurs gros crampons se tortillent et se plient. C’est vrai que c’est avant tout une question de sentiers. Il n’empêche que nous avons eu quelques sorties de virage avec ces pneus alors que ce n’était pas le cas avec d’autres.


Pour que le Wilson roule à son meilleur, vous ne devez pas craindre de sortir de votre zone de confort et de vous attaquer aux pentes les plus abruptes. Les qualités esthétiques du Wilson carbone surpassent celles de la version aluminium, mais l’excès de rigidité nous a quelque peu déplu. Nous aurions souhaité plus de souplesse lors des longues journées passées au parc ou lorsque nous poussions l’adhérence des pneus aux limites du possible sur les racines et les roches. La souplesse de la version aluminium aurait été appréciée; ça vaut la peine d’y penser, encore plus en considérant le prix. En somme, si vous êtes un descendeur intrépide qui, au quotidien, ne pensez qu’à la course et à dévaler les pentes les plus abruptes, vous aurez du mal à trouver mieux que le Wilson.