Vélos
14.26.09
Optimus prime
NSMB.com rencontre stevie
La saison 2014 s’annonçait comme celle où Stevie allait dominer la compétition, mais il en fut tout autrement. Après avoir subi une blessure en début de saison en sautant par-dessus un immense fossé à Rotorua, Stevie a renoué avec la compétition à Fort William où il a décroché la 6e position. Il a par la suite subi une grave blessure à la cheville en préparation de la course suivante au Mont-Sainte-Anne. Malgré ces revers, le descendeur canadien le plus de titré de l’histoire entrevoit la saison 2015 avec optimisme et enthousiasme. Voici l’entrevue que nous avons menée avec lui au salon Interbike.



Jon Harris (NSMB) – Tout d’abord, comment va la cheville?

Stevie Smith – Ça va bien. Je m’approche d’un retour sur mon vélo. Pour l’instant, je roule avec celui de route, j’arrive à mettre un peu de pression sur mon pied et je continue mes traitements de physio. Je devrais reprendre l’entraînement sous peu. Malgré mes béquilles, je me rends chaque jour au centre d’entraînement où je travaille le haut de mon corps. La plupart des coureurs éprouvent de la fatigue en fin de la saison, mais pour ma part je suis plus motivé que jamais.

Jon Harris – Quelle est la nature de ta blessure?

Stevie – En gros, j’ai écrasé ma cheville. J’ai frappé une roche et mes orteils ont levé. La cheville a plié et s’est cassée. J’ai subi deux mauvaises fractures à l’astragale et 14 dans le reste du pied, en partant du talon jusqu’aux métatarses.



C’est fini les sauts par-dessus des fossés pour toi?

Je ne vais pas changer mon style d’un poil et je vais faire de gros sauts comme avant. Je ne vais pas devenir pissou et penser que je vais me blesser chaque fois que j’essaie un truc.

As-tu comparé ta situation avec celle de Josh Bryceland?

Il m’a envoyé des photos et ça s’annonce bien mal. Je ne connais pas la nature exacte de sa blessure, mais elle nécessitera une longue opération.

Parlant de vélo de route, combien de cuissards une pièce est-ce que tu as?

Haha, je dirais environ huit.

Passons aux Championnats du Monde, est-ce que tu te vois descendre à l’entraînement sans chaîne, comme Neko Mulally? Quelle est ton impression?

Difficile à dire. Comme il devait trouver un moyen de garder sa vitesse, il a dû trouver un moyen de moins solliciter les freins et de trouver une ligne plus fluide, comme il n’avait plus de pression. En tout cas, c’est impressionnant. Je connais cette piste et elle exige du pédalage. Après le deuxième boisé, il y a une section plate qu’il faut traverser en pédalant. Mais à part cette section, il ne faut pas trop pédaler. Je suis vraiment épaté par son résultat.

Est-ce que tu as aimé suivre la saison de descente? Est-ce que certaines choses t’ont surpris?

Ça m’énerve de regarder les courses et je n’aime pas trop ça. En fait,
ça m’écœure. Ça me rend négatif parce que j’aimerais y être. Mais bon, ça va. La saison ne ressemble pas aux autres, au sens où personne n’a survolé la compétition. C’est juste que j’aurais aimé être de la partie puisque le niveau était vraiment élevé.

Ça bouge pas mal. Aronn Gwinn paraissait imbattable pendant deux saisons, puis Bryceland a remporté sa première course et semblait à son tour intouchable.

J’ai vécu la même situation l’an dernier. La victoire représente toujours notre objectif, mais remporter la Coupe du Monde nécessite une dose additionnelle de confiance qui nous est inconnue, qu’on ne peut acquérir à l’entraînement ou en suivant un régime. On ne peut pas comprendre ce qu’est la victoire avant de remporter une course. Une fois la victoire en poche, on se dit que c’était pas si difficile. J’en suis à ce point et ça m’aide à bâtir ma confiance. Manifestement, Bryceland l’a compris cette année et c’est pas mal cool.

Est-ce que tu as prévu des choses plaisantes durant l’entre-saison ou est-ce que tu te consacres entièrement à l’entraînement?

Je vais participer au tournage du nouveau film d’Anthill qui s’intitule The Unreal Movie. Je vais aussi me rendre à Bali pour participer à une course dont le nom m’échappe. Je passerai également deux semaines en Thaïlande où je n’apporterai probablement pas mon vélo. Je vais traîner mes souliers de course pour m’entraîner et je vais prendre du repos.

Est-ce que tu es déjà allé en Thaïlande?

Pas encore, mais j’ai hâte d’aller à la plage et de faire de la rando. Je prévois aller en Nouvelle-Zélande comme il y a un Crankworx maintenant. J’ai besoin de participer à des courses avant le début de la saison de Coupe du Monde. Ce n’est pas tant une question de vitesse — quelques jours me suffiront pour y arriver —, mais j’ai besoin de la retrouver en situation de course, de refaire le plein d’expérience et de refaire ma préparation mentale.



Est-ce que tu as hâte à une course en particulier?

La première.

Est-ce que ta mère fait encore la navette, comme dans le bon vieux temps?

Ça fait un bout qu’elle ne l’a pas fait. Elle n’aime pas trop mon gros camion, mais on se voit beaucoup quand même.

Dans quelle mesure est-ce que tu bénéficies de la commandite de Red Bull durant ta convalescence?

Énormément. Les gens de Red Bull acceptent à peu près tout ce que je leur propose. Ils n’ont jamais refusé aucune de mes propositions. Même après ma blessure à la cheville, ils ont accepté sans broncher que je réserve mon vol de retour qui coûtait 2000 $. « On s’en occupe », m’ont-ils dit. Ils acceptent tout ce qui peut me remettre sur pied.

Si tu as avait été en santé, est-ce que tu aurais participé au Rampage cette année?

Je pense bien. La seule chose qui m’inquiétait dans le passé était que les gens faisaient tout un plat de certains coureurs qui utilisaient la ligne d’autres coureurs. On raconte tellement de choses à propos de cet événement, mais une recrue comme moi n’aurait aucune chance de bien faire sans utiliser la ligne de quelqu’un d’autre. Je pourrais me construire une ligne vraiment merdique et faire en sorte qu’elle ne croise pas celle des autres, mais c’est sûr je n’aurais jamais un bon résultat. Mais j’avais hâte à cette année et au nouveau site.

Est-ce que tu vas regarder l’événement?

Non, je dois me préparer pour le tournage.



Ton nouveau vélo a subi de nombreux petits changements. Le débattement de la suspension est plus court, elle se trouve plus bas sur le tube diagonal et le centre de gravité a aussi été abaissé. Est-ce que ça te prend beaucoup de temps pour remarquer les changements la première fois que tu en fais l’essai?

Comme bien souvent, les petits changements affectent le rendement général du vélo. Je ne m’occupe aucunement de la conception; c’est seulement Dave Weagle qui s’en charge... mais, on se donne beaucoup de rétroaction. Nous testons souvent la suspension et parfois nous n’arrivons pas à améliorer certaines caractéristiques comme nous l’aurions voulu. Dans ces cas-là, il faut retourner à la table à dessin.

Ce processus te plaît-il?

Absolument, j’aime procéder à des essais. Le travail n’est pas fini sur ce vélo, et c’est pourquoi j’ai hâte de retrouver la forme pour y mettre la touche finale.

Au cours des dernières années, Devinci a fait un travail exceptionnel.

C’est vraiment génial de passer du Wilson avec lequel j’ai remporté le titre en Coupe du Monde à une autre machine qui est une coche au-dessus. D’ailleurs, Bryceland a fait le même commentaire lorsqu’il a eu son nouveau vélo. Ce qui semblait rapide auparavant ne l’est plus aujourd’hui.

Est-ce que tu fais des essais dans les sentiers près de chez toi ou ailleurs?

C’est bien de faire les deux. Nous passons beaucoup de temps à San Remo en Italie, une montagne très rocheuse, rapide avec des sentiers escarpés. C’est excellent pour mettre la suspension à l’épreuve. D’un autre côté, j’aime rouler près de chez moi parce que je connais la réaction de chaque vélo aux bosses. Je perçois très facilement le moindre changement. Cet automne, nous travaillerons près de chez moi, mais à l’approche de la saison, nous changerons de lieu.

Nous te remercions beaucoup et te souhaitons une bonne convalescence.

De rien!



Stevie a tenu à ajouter qu’il retournerait faire le même gap à Rotorua avant de se présenter à la ligne de départ le 12 avril 2015 à Lourdes en France.

liens(s utile(s)