Voilà déjà quatre ans que Devinci a lancé le Spartan. Cette version originale n’est pas obsolète, loin de là, mais les vélos enduro ont fait bien du chemin depuis. C’est pourquoi Devinci a cru bon de revoir le Spartan, d’où la bête mauve et jaune qu’on peut admirer. L’équipe Devinci Global Racing voulait un vélo toujours aussi mordant en descente, mais avec un pédalage amélioré. L’entreprise québécoise a aussi enlevé quelques grammes et ajouté de la rigidité, suivant ainsi la tendance observée depuis de nombreuses années. Poursuivons plus en détail cette analyse.
Il y a aura six modèles complets de Spartan en 2018 : quatre en carbone (4369 à 8199 $ US); et deux en aluminium (3369 à 3999 $). Devinci vend aussi un ensemble cadre et fourche arrière. Le cadre en carbone se détaille à 2999 $; celui en aluminium à 1999 $. Le Spartan Carbone X01|Turbine R30 que nous avons utilisé est le deuxième plus cher de la gamme 2018. Le modèle de niveau supérieur est pratiquement identique, si ce n’est des roues en carbone qui coûtent 1200 $ supplémentaires.
Devinci a depuis longtemps adopté le Split Pivot, et elle ne déroge pas à ce choix avec le Spartan. La nouvelle version est cependant équipée d’une suspension actualisée, dotée d’un support amortisseur vertical. Rien pour écrire à sa mère, me direz-vous, mais Devinci assure que ce changement contribue à réduire la flexibilité du cadre, puisque les haubans sont plus hauts, que le triangle arrière est plus ouvert et que la rigidité latérale est meilleure. Si on en croit l’entreprise, cette nouvelle suspension prévient mieux les charges latérales sur la fourche arrière que l’ancienne configuration, ce qui devrait augmenter la durée de vie de la RockShox. Enfin, la position verticale de l’amortisseur a libéré assez d’espace dans le triangle avant pour accueillir une gourde d’eau (24 oz).
Devinci a choisi d’équiper le Spartan avec un amortisseur métrique. Grâce à la RockShox Super Deluxe RC3 (trunnion-mount), elle a pu abaisser légèrement la hauteur en surplomb, ce qui n’est jamais une mauvaise chose. Mentionnons que le cadre du Spartan fonctionne aussi très bien avec des fourches à ressort hélicoïdal.
Le nouveau cadre du Spartan est maintenant équipé de bases en carbone, un gain de 160 grammes par rapport à l’aluminium. Si on soustrait encore 150 grammes dus à d’autres changements, c’est donc dire que le cadre pèse 7,14 lb (3240 g), ce qui est tout à fait respectable.
Comme plusieurs vélos actuels, le nouveau Spartan est équipé en Boost à l’arrière comme à l’avant. On s’attendait à ce que l’entreprise augmente légèrement le débattement arrière, mais elle a décidé de le laisser à 165 mm. Elle a par contre fait passer le débattement avant à 170 mm. Ce n’est pas la mer à boire, mais cela crée un meilleur équilibre, selon Devinci. D’ailleurs, le cadre du Spartan présente de nombreuses subtilités, qu’il n’est pas inutile de rappeler. La tête de mât basse qui permet l’utilisation de la tige télescopique de 170 mm sur les cadres M, L et XL. De même, il y a maintenant assez d’espace entre les bases pour des pneus de 27,5 x 2,6 po. Par ailleurs, si le plateau avant de 34 dents ne vous convient pas, vous pouvez aller jusqu’à 36 dents sur le Spartan. Enfin, si vous aimez le Di2, rien de plus simple sur le Spartan grâce à une ouverture sur son tube oblique, qui est idéale pour installer la batterie Di2. Si la transmission électronique, c’est pas trop votre truc, cette ouverture facilite grandement le passage des câbles. C’est gagnant-gagnant.
Devinci a augmenté la portée (reach) du Spartan de 31 à 33 mm (selon le réglage du Flip Chip), a augmenté l’angle de direction d’environ un degré et a raccourci le centre de l’arrière par quelques millimètres. L’empattement sur le modèle L a augmenté de 40 mm (dû à l’angle de direction plus prononcé et au plus long centre de l’avant).
Il y a belle lurette que les vélos Devinci Split Pivot sont équipés de réglages Flip Chip. Cela dit, j’ai toujours utilisé l’angle le plus ouvert, sans rien changer par la suite. Cette fois par contre, mieux vaut peut-être régler le Spartan à « High », à moins que vous ne l’utilisiez que dans un bike park ou avec une navette. Avec un jeu de pédalier plutôt bas (337 mm/13,2 po à « Low »), les pédales vont parfois toucher le sol, même si vous ne roulez pas en malade. Au réglage « High », le nouvel angle de direction du Spartan est, à 65,4 degrés, encore peu prononcé, donc ce n’est pas comme si le vélo allait être super nerveux. Il va de soi que si vous ne souhaitez faire que de la descente, mieux vaut régler le vélo à « Low ». En somme, vous avez des options à votre disposition et si vous êtes friand de chiffres, prenez le temps de consulter le tableau de géométrie sur le site web.
Disons que la version originale du Spartan ne grimpait pas comme une chèvre des montagnes. Certes, un vélo avec autant de débattement n’est pas censé survoler les monts et les vaux, mais Devinci le vend comme un enduro de qualité supérieure. Je sais que personne n’essaie de battre des records en montée lors des relances, mais ça peut aider d’avoir un vélo qui grimpe bien et qui excelle tout de même dans les descentes chronométrées. C’est pour ça que le nouveau Spartan a été repensé pour en améliorer les capacités de montée.
D’accord, le Spartan ne grimpe toujours pas aussi bien qu’une chèvre des montagnes. Cela dit, j’ai été impressionné par son efficacité au pédalage, et ce, même si j’avais un bon 30 % d’affaissement. Oui, parfois la compression à basse vitesse va céder si on pousse trop en danseuse, mais assis en selle, on arrive à plutôt bien grimper avec le Spartan. D’ailleurs, son poids plutôt léger est un avantage. Le modèle large pesait seulement 29,25 lb, ce qui, étonnamment, est moins que ce qu’affirme Devinci, chose rare dans le monde du vélo.
Qui plus est, le Spartan affiche une adhérence exceptionnelle sur les racines et les roches. À plusieurs reprises, j’ai franchi des sections difficiles sans problème, tandis que sur d’autres vélos, censés être sur papier de meilleurs grimpeurs, je n’y arrivais pas aussi aisément. C’est sûr que si vous grimpez des sentiers en lacet super serrés, vous allez regretter un peu le long empattement, mais c’est aussi vrai pour nombre de vélos enduro. Mieux vaut régler la fourche Super Deluxe au milieu, et miser aussi sur la compression à basse vitesse, ce qui contribue à rester dans le haut du débattement et, conséquemment, à donner un angle de direction plus prononcé, un avantage non négligeable dans les virages serrés en montée. À propos des angles d’ailleurs, celui du tube de selle est assez prononcé (74,9 degrés à « High »). Résultat : vous passez moins de temps sur le bout de la selle à endommager votre scrotum. Je tiens à remercier le concepteur du cadre.
Je me doute que la plupart des acheteurs potentiels du nouveau Spartan se préoccupent peu de ses capacités en montée. Mais force est d’admettre que la nouvelle version est grandement améliorée par rapport à l’ancienne et qu’elle rivalise en montée avec la plupart des concurrents « enduro ».
La version originale du Spartan a été lancée en 2013 pour Stevie Smith lors des Championnats du monde de descente. C’est donc depuis le début un vélo dont la force est principalement la descente. Comme mentionné, le nouveau Spartan grimpe mieux, mais à notre plus grand bonheur, c’est encore un véritable bulldozer dans les descentes rocheuses. Tant l’avant que l’arrière du Spartan arrivent à détruire tout ce qui se trouve sur leur passage. Il est tout en fluidité, en maîtrise et en précision, sans compter qu’il procure du plaisir dans les sections accidentées. Il compense vos erreurs. La longueur de sa portée et de son empattement, ainsi que la souplesse et la qualité de sa suspension m’ont procuré de la joie dans des sentiers où je suis normalement aussi tendu qu’une corde à linge.
En plus des qualités que je viens d’énumérer, il faut ajouter que c’est comme si le Spartan ne voulait pas quitter le sol, comme s’il y était collé. Le premier mois, je me sentais même comme un passager dans un vaisseau spatial mauve sur le pilote automatique. En revanche, ce n’est pas le meilleur vélo pour faire des sauts. Si c’est ça votre truc, il va falloir que vous vous donniez à fond. Mais si vous êtes super dynamique et que vous exagérez vos mouvements, le Spartan répondra bien.
En somme, le Spartan, c’est une bécane super agréable, qui compense pas mal de vos erreurs et est vraiment fun à rouler. Mais ce n’est pas le plus agile ni le plus ludique qui soit. Si ce sont deux qualités que vous recherchez et que vous aimez le Split Pivot, vous devriez jeter votre dévolu sur son petit frère, le Troy (140 mm); c’est un modèle similaire pour ce qui est de la portée, de la fluidité et de la suspension, mais avec un empattement pas mal plus court. Si par contre, vous voulez battre des records de descente, sans vous taper la navette ou le remonte-pente, le Spartan vous est tout indiqué.
Reverb Stealth de RockShox:véritable révélation à sa sortie, la tige de selle télescopique Reverb n’est pas sans qualités, mais je trouve qu’elle laisse passer de l’air entre le piston mobile et la colonne d’huile. Au fil des ans, RockShox a bien tenté de remédier à cette situation en améliorant le piston mobile, mais certaines tiges — notamment celle que nous avions — présentent toujours le problème. C’est bien dommage.
Guide RSC de SRAM :on aime ou on aime pas. Les guides R que l’on retrouve sur la plupart des vélos ne sont pas terribles. Les RSC, quant à eux, donnent de bons résultats, je trouve. Certains cyclistes (surtout dans les climats chauds) ont éprouvé des problèmes réels d’enflure du piston du maître-cylindre et de leviers coincés dans les premiers guides. Pour ma part, j’ai encore des guides RSC que je n’ai pas encore eu à purger ou à faire réparer (sauf pour changer des coussinets), et ce, après trois saisons. Bonne puissance, excellente modulation. En tout cas, les RSC du Spartan ont été impeccables.
Fourche RockShox Super Deluxe RC3 :au terme de l’essai, j’avoue avoir été impressionné par la qualité de la Super Deluxe métrique avec trunnion-mount. Je croyais devoir utiliser un ressort hélicoïdal, mais finalement, je n’en ai jamais eu besoin.
Revu de presse du Spartan Carbon