On dit souvent que les voyages forment la jeunesse. Dans le cas de Fred, c’est la formation qui a créé le voyage. Au cours de ses études supérieures en ingénierie mécanique, Fred a réalisé ses stages chez Cycles Devinci. Il a donc travaillé sur le développement de vélos, tout particulièrement sur le Hatchet, le nouveau gravel bike. Fred s’était toujours promis un voyage de récompense une fois son Bac en mains. L’idée de partir à l’aventure sur un Hatchet s’est imposée d’elle-même… Lui qui connaissait le vélo à fond pouvait se lancer vers l’inconnu l’esprit en paix!
Son choix s’est arrêté sur l’Islande, destination mythique qui offre une boucle cyclable extrêmement intéressante. Fred est en grande forme et a de grandes ambitions : faire le tour complet de la route 1 (1339 km) en plus d’un passage à Stykkisholmur (un extra de 214 km). La commande est costaude, mais le Hatchet l’est aussi. Il sait que son gravel bike saura être efficace sur le gravier comme sur l’asphalte. Il a aussi choisi le modèle en aluminium pour sa robustesse : il sera chargé solide avec l’équipement de camping et tout le nécessaire pour pouvoir rouler en mode autonome. C’est sa première expérience de la sorte et il est bien préparé. Du moins, c’est ce qu’il croit!
Cinq heures de vol de Montréal, quatre petites heures de décalage. Fred débarque dans la capitale à 4 h 30 du matin. Il fait clair malgré la pluie battante. Premier constat : il n’y a pas de nuits en Islande à ce temps de l’année. C’est toujours le jour, ce qui a un charme certain. Malgré son maigre 45 minutes de sommeil en cours de vol, l’enthousiasme l’emporte et Fred enfourche son vélo. Mais ce qui devait être une courte distance se voit bonifier d’un beau 70 km supplémentaire; le tunnel qu’il souhaitait prendre est interdit aux vélos.
Fred prend rapidement son tempo. Premier constat : il vente fichtrement plus en Islande qu’au Saguenay! Ce qu’on appellerait rafale chez nous s’approche plus d’une brise pour eux. Là-bas, le fond de l’air est une rafale constante. Pendant une tempête, les vents étaient si forts qu’ils le poussaient dans le fossé. Cette journée-là, il a réussi à rouler 25 km en 4 h 30 sur le vélo.
Deuxième constat : si on faisait un bulletin météo pour l’Islande, il se résumerait à une constante alternance soleil — pluie intense — soleil — pluie intense — soleil, etc. Mais les paysages sont époustouflants, les automobilistes respectueux et les gens de la place chaleureux.
Côté nourriture, les prix sont plutôt dispendieux. Une fois ses quatre jours de sachets déshydratés écoulés, il fait le plein dans les épiceries du coin, près des sites de camping. Il découvre la tête de mouton, un plat traditionnel islandais partagé avec un couple de retraités. Le goût est spécial, la texture plus encore. Il a aussi pu essayer le Hàkarl, du requin du Groenland pourri dans le sol. Un vestige viking qui goûte… fort comme un viking! Son coup de cœur va au chili-dog, où la saucisse est entourée de bacon et de Doritos. En général, la nourriture était très bonne (même s’il a perdu 10 livres en 13 jours).
Sur la route 54, Fred frappe une grosse pluie battante, mais le paysage est tellement impressionnant qu’il a gardé le cap. Une grosse vallée sinueuse avec des montagnes vertes. Et le vent! Un turbo vent de dos!! C’est seulement une fois rendu au camping qu’il a remarqué le petit logo sur la carte, indiquant un tunnel de vent (d’aéroport). Il sortait d’une zone considérée dangereuse. Faut croire qu’il n’en était pas entièrement sorti cette nuit-là; les poteaux de tente lui ont frappé le visage à plusieurs reprises…
Au total, Fred a roulé plus de 1300 km en 13 jours. Il a dû troquer son Hatchet pour l’autobus sur 400 km. Il n’y a pas de honte à se défiler d’une tempête de grêle, de vents à 110 km/hr sur un fond de 4 degrés… Autrement le Hatchet a su garder le cap sur toutes les surfaces, le menant aux glaciers, aux mers, aux monts, et même jusqu’au cercle d’or.